Plus tôt cette semaine, je suis allé dans un gym de Laval tôt le matin pour rencontrer le boxeur David Lemieux. Celui-ci s’apprête à se battre dans le cadre d’un combat qui déterminera l’aspirant numéro un et aspirant obligatoire au titre mondial WBC chez les poids moyens.
Il est arrivé à l’heure, avec son sac d’entraînement sur l’épaule et a salué gentiment la demoiselle à la réception avant de se diriger vers moi.
David Lemieux n’a pas toujours été un homme tranquille et calme. Le jeune avait beaucoup d’énergie à dépenser, qu’il canalisait en se bagarrant dans la rue. Un jour, un de ses voisins qui était boxeur l’a amené au gymnase, pour qu’il puisse se défouler sur un sac de sable plutôt que sur quelqu’un d’autre. Il avait 9 ans la première fois qu’il est entré dans un gym, et il a aimé ça.
« Je me suis fait mettre dehors au moins 30 fois, mais je revenais constamment.»
Et pourquoi donc te mettait-on à la porte, David ?
« Parce que je ne voulais rien savoir, c’était ma façon de faire ou rien. J’avais la tête dure. J’étais toujours poli, mais je n’écoutais personne. Par contre Russ, lui, je l’écoutais.»
Russ, c’est Russ Anber, son entraîneur qui l’a formé à sa manière et qu’il l’a prit sous son aile. Il a apprit à le connaître au gym, mais ils s’étaient déjà rencontrés auparavant par l’entremise d’une voisine.
C’est aussi Russ Anber qui lui a suggéré de se tourner vers les professionnels à 18 ans, car David voulait rentrer chez les pros à 17 ans. «Il voulait que j’acquière plus d’expérience, puis de toute façon avec la Régie [Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec], ça posait problème.»
« Je voulais me tourner chez les pros le plus jeune possible car chez les amateurs, le style de boxe n’était pas pour moi. Chez les pros, tu n’as pas de casque, c’est beaucoup plus risqué car le moindre faux pas peut te faire basculer ; tu n’as plus le droit de perdre un combat.»
Ce qui ne s’est jamais passé chez David Lemieux, 22 ans. Il a gagné tous ses combats depuis qu’il est passé chez les pros (25-0-0-24KO) et n’en a pas perdu depuis ses années chez les amateurs (58-10-6 selon sa mémoire) où il a boxé de l’âge de 11 à 18 ans. Il tentera d’ailleurs d’ajouter une 26e victoire à sa fiche vendredi le 8 avril au Centre Bell contre Marco Antonio Rubio (49-5-2-42KO).
Justement, parlant de son combat contre Rubio, David Lemieux a passé quelques semaines en compagnie de Odlanier Solis dans les hautes montagnes de Sierra Nevada en Espagne pour s’entraîner en haute altitude. Alors David, grosse différence avec un entraînement en basse altitude ?
«Je vais te dire la vérité, pour moi, le meilleur endroit pour m’entraîner lors de mes camps c’est à Miami, à cause de la chaleur et de la qualité des partenaires d’entraînement. C’est plus facile pour moi d’être concentré à 100% sur la boxe lorsque je suis à Miami.»
« Les coachs disent que le gros avantage de se battre en haute altitude c’est le manque d’oxygène. Tu t’habitues à travailler avec moins d’oxygène, donc quand tu reviens de ton camp, c’est plus facile lors du combat. »
Et toi, tu vois la différence ?
« Moi je vois moins la différence, les coachs y disent ça mais moi quand je m’entraîne, je le fais à pleine intensité. De toute façon, les combats ne se déroulent pas dans les montagnes ! Je préfère m’entraîner à basse altitude mais peu importe, je donne tout ce que j’ai à l’entraînement. »
Ça ne lui dérange pas de travailler durant des mois en prévision d’un combat qui se retrouvera peut-être à ne durer qu’un round ou deux (huit de ses dix derniers combats n’ont duré que deux rounds ou moins).
«Moi quand je rentre dans le ring, le plus vite que je sors, le mieux c’est. C’est sûr que c’est bien de donner un spectacle, que les gens aimeraient en avoir plus, mais s’ils en veulent plus, qu’ils regardent le replay ! » dit-il en riant.
Un seul de ses combats s’est rendu à la limite et c’était contre Jason Naugler. David avait l’intention que le combat dure plus longtemps qu’à l’habitude … et il avait aussi l’intention de le battre avant la limite. Par contre, il était très satisfait d’avoir fait son premier (et seul) combat complet. Il a gagné tous les rondes, tout fonctionnait comme prévu pour lui … sauf le KO qui n’est jamais venu. « Naugler est tout un encaisseur », a-t-il reconnu.
Je lui ai alors dit que j’avais visionné ses dix derniers combats et que j’avais dressé une liste de coups qu’il avait utilisés pour coucher ses adversaires.
«Ah, ça veut dire que tu as regardé dix rounds ?!» Blagueur va !
Main arrière droite contre Camacho et McCreary, crochet de gauche contre Ayala, Raines et Hernandez, crochets au corps, uppercuts …
C’est important pour toi d’avoir un arsenal diversifié ?
« Absolument. Plus que tu as d’options, plus que tu es dangereux. Si ton adversaire surveille un coup en particulier, tu peux le surprendre avec un autre coup auquel il ne s’attendait pas. La bonne chose avec moi c’est que je suis fort des deux mains. »
« Mon coup favori c’est le crochet de gauche, car je suis plus à l’aise avec. Mais le crochet de droite, ça fait la job aussi ! »
Il est prêt à distribuer ses coups n’importe où dans le monde. « Je n’ai aucun problème avec ça. États-Unis, Europe, je suis prêt à me battre n’importe où.»
Et n’importe qui aussi. Sebastian Zbik, Julio Ceasar Chavez Jr (qui se battront pour le titre des poids moyens le 4 juin prochain) ou le champion émérite des poids moyens Sergio Gabriel Martinez. « Aucun problème, je suis prêt ». Il n’écarte pas non plus de faire un saut chez les super-moyens lorsqu’il aura fait le ménage chez les 160 livres.
Avant tout, il lui faut gagner son combat contre Marco Antonio Rubio vendredi prochain. Quelle est ta prédiction, David ? « Rubio ne passe pas le douzième round. »
Cela faisait déjà plus de vingt minutes que je jasais tranquillement avec ce sympathique jeune homme qui aimerait affronter dans le cadre d’un match de rêve nul autre que Muhammad Ali (« j’irais pour le KO! »). Je ne voulais pas retarder plus longtemps son entraînement alors je l’ai remercié de m’avoir accordé du temps à quelques jours du combat le plus important de sa jeune carrière.
Oh, David, dernière question : comment te définirais-tu en un mot ?
« Déterminé » a-t-il répondu aussi vite comme l’éclair.
Pareil comme dans le ring.
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